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Russie et Corée du Nord

Russie et Corée du Nord : Une alliance stratégique face à l'isolement international ?

Article de Antoine Martin


Titres 

  1. Un rapprochement historique accéléré par les sanctions internationales 

  2. Alliance militaire : La Russie et la Corée du Nord renforcent leurs liens stratégiques 

  3. Economie et humanitaire : Quels enjeux derrière le partenariat russo-nord-coréen ? 

  4. Une alliance qui redessine la carte géopolitique mondiale 




Un rapprochement historique accéléré par les sanctions internationales 


Depuis la disparition de l'Union soviétique, la Russie a progressivement perdu de l'influence en Asie du Nord-Est. L’effondrement économique des années 1990, la réduction des forces militaires dans l’extrême-orient au cours de la décennie suivante, la perte d’alliés stratégiques et les conflits en Tchétchénie ont affaibli ses ressources et sa capacité à mener des ambitions géopolitiques majeures. Pendant ce temps, la Chine a émergé comme une puissance économique et militaire croissante, voyant la Russie comme un partenaire mineur dans leurs relations bilatérales.


En Février 2022 l’armée russe, sous la direction de Vladimir Poutine, a franchi la frontière ukrainienne dans la région du Donbass dans un premier temps, mais aussi en Crimée et à Kharkiv. Cette intervention a rapidement isolé la Russie sur la scène diplomatique internationale, tout en se heurtant à une résistance ukrainienne inattendue. En conséquence, une série de sanctions a frappé l'économie russe, affectant des secteurs comme la finance, l'énergie, la technologie, l'industrie et le transport. La finance, les banques, le secteur énergétique, la technologie, l’industrie et le transport ont tous été impactés par une série d’effets immédiats et profonds. La Chine, en augmentant ses achats de pétrole et de gaz russes, a permis à la Russie de stabiliser son économie malgré ces sanctions occidentales. Isolé plus que jamais, la Russie a dû s'adapter à un environnement économique et diplomatique mondial de plus en plus hostile, le contraignant à se tourner vers d’autres partenaires asiatiques, notamment la Corée du Nord. 


La dynastie Kim, qui dirige la Corée du Nord depuis 1948, a transformé le pays en une dictature totalitaire et héréditaire, avec un isolement marqué par la répression de toute dissidence et le développement de programmes nucléaires. Les sanctions internationales imposées en réponse à ces programmes ont affaibli l’économie nord-coréenne, limitant ses échanges commerciaux et son accès à des devises étrangères. Cependant, ces sanctions n’ont pas freiné les ambitions militaires du régime, et la malnutrition reste un problème dans le pays.


Au début des années 2000, les relations entre la Russie et la Corée du Nord se sont renforcées, ouvrant la porte à différentes rencontres en 2019 entre Vladimir Poutine et Kim Jong-Un à Vladivostok, où les relations bilatérales ont été abordées, les perspectives de coopération économique et militaire, mais aussi plus largement la situation dans la péninsule coréenne. La Corée du Nord voit désormais la Russie comme un partenaire stratégique important capable de fournir un soutien économique et technologique vital dans un objectif d’amoindrissement de la dépendance à l'égard d’un autre allié clé, la Chine. 



Alliance militaire : La Russie et la Corée du Nord renforcent leurs liens stratégiques  



Le 19 juin 2023, les deux pays ont signé des accords de coopération militaire et économique. Ces accords prévoient des échanges dans les domaines des ressources naturelles, de l’énergie, ainsi que la modernisation des infrastructures. 

Des projets d'infrastructure, comme la modernisation des chemins de fer reliant les deux pays, sont également envisagés pour faciliter le commerce et les échanges. 

Sur le plan diplomatique, des rencontres régulières entre Vladimir Poutine et Kim Jong-un illustrent une volonté réciproque de consolider cette alliance stratégique. En septembre 2023, un accord de défense a été signé au cours d’une rencontre qualifiée par le dirigeant Nord-Coréen de “priorité absolue”, prévoyant des échanges de technologies militaires et des exercices conjoints. Le Service de renseignement national sud-coréen a confirmé qu'"après le sommet" entre le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, "le Nord a fourni à Moscou le plan et les données concernant les premier et deuxième lancements de satellites. La Russie a à son tour analysé ces données et communiqué au Nord des retours. Jonah Leff du Conflict Armament Research (CAR), qui traque l’utilisation des armes dans les guerres, a déclaré au Conseil de sécurité qu’il avait trouvé des preuves de l’utilisation de missiles balistiques nord-coréens en Ukraine.

Kim Jong Un a salué avec lyrisme le rapprochement entre Moscou et Pyongyang. «Les relations entre nos pays entrent dans une ère de nouvelle et grande prospérité qu’il est impossible de comparer même à celle de la période des relations soviéto-coréennes du siècle dernier», a déclaré le dirigeant nord-coréen, cité par les agences de presse russes.




Economie et humanitaire : Quels enjeux derrière le partenariat russo-nord-coréen ?  


«La Russie a besoin du soutien de la Corée du Nord en matière d’armement en raison de la guerre prolongée en Ukraine, tandis que la Corée du Nord a besoin du soutien de la Russie en matière de nourriture, d’énergie et d’armes de pointe pour alléger la pression des sanctions», a indiqué à l’AFP Koh Yu-hwan, professeur émérite d’études nord-coréennes à l’Université de Dongguk. Le régime nord-coréen, depuis le début du conflict en Ukraine, est devenu un fournisseur clé de munitions pour Moscou, facilitant l'effort de guerre russe. En échange, la Russie a consolidé ses positions en Corée du Nord sur les plans alimentaire et énergétique, et lui a offert un soutien pour moderniser sa capacité industrielle de défense. Ces divers partenariats militaires et diplomatiques bilatéraux ont aussi des répercussions sur d’autres aspects, notamment dans le domaine spatial. Depuis 2012, le régime Nord-coréen utilisait un satellite chinois pour diffuser les programmes de la Choson Chung’ang T’ellebijyon (KCTV), la télévision d’État. C’est le 4 Juillet 2024 que Pyongyang a préféré Moscou à Pékin en abandonnant le ChinaSat-12 couvrant auparavant de grandes parties de l’Asie, de l’Europe et de l’Afrique. Ce changement est intervenu deux semaines après la rencontre entre les deux dirigeants Russes et Nord-coréens lors du sommet du 19 Juin dernier.


Une alliance qui redessine la carte géopolitique mondiale  


L'année dernière, les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud ont convenu de renforcer leur coopération en matière de sécurité et de défense. Un sommet à ce sujet s’est tenu en juillet, en parallèle de celui de l'OTAN à Washington. Cette alliance trilatérale vise à répondre à des enjeux croissants dans la région, en tenant compte à la fois des actions de la Chine et de la Corée du Nord. Si ces trois pays, soutenus par d’autres, notamment l’Australie et le Royaume-Uni, choisissent d'augmenter leur présence militaire défensive en Asie de l'Est, cela pourrait entraîner une réaction de la Chine, qui pourrait attribuer cette évolution aux décisions de la Russie.


La visite de Vladimir Poutine à Pyongyang s'inscrit dans une dynamique complexe. Elle reflète un rapprochement entre la Russie et la Corée du Nord, Pyongyang ayant exprimé son soutien à l'intervention militaire russe en Ukraine ainsi qu'à la préservation de l'intégrité territoriale de la Russie. En échange, la Corée du Nord pourrait s'attendre à un soutien politique et militaire accru de la part de Moscou, notamment en raison des tensions croissantes dans la péninsule coréenne. Ce rapprochement n'est pas sans créer des enjeux pour la Chine, qui entretient des relations avec la Corée du Nord dans le but de maintenir un équilibre des forces en Asie de l'Est, notamment face aux alliances de la Corée du Sud et du Japon avec les États-Unis. La posture plus affirmée de Kim Jong-un vis-à-vis de la Russie, illustrée par le remplacement récent du satellite chinois par un satellite russe, pourrait être perçue comme une tentative de renforcer ses liens avec Moscou tout en influençant ses relations avec Pékin.










 
 
 

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